Jean Panzani, histoire d'un fabricant de pâtes devenu n°1 en France

En une vingtaine d’années, un immigré italien devenu français, Jean Panzani, a créé le numéro 1 des pâtes dans l’Hexagone. Retour sur une réussite éclatante pour laquelle l’entrepreneur a su marier goût pour l’innovation et stratégie économique, tout en apportant une attention constante à la qualité de ses blés et de ses semoules.

 

C’est une success story débutée dans un grenier des Deux-Sèvres. Nous sommes en 1941 et Jean Panzani, 30 ans, s’est installé dans la maison de ses beaux-parents, à Niort. Le jeune homme s’essaie à la fabrication artisanale de pâtes qu’il fait sécher sur des dossiers de chaises. Pour ce faire, il utilise de la farine, la semoule faisant défaut dans la France occupée. Les affaires marchent bien, Jean Panzani enchaîne les livraisons à vélo. « Le ravitaillement était alors difficile et il n’y avait pas de fabricant de pâtes alimentaires au niveau départemental, expliquait-il en 1998 dans une interview à Gâtine FM. J’ai donc été rapidement assailli de demandes de tous les détaillants ». L’aventure Panzani pouvait alors débuter.

 

Histoire de la marque Panzani, portrait Jean Panzani

Capture issue du site internet du groupe Panzani avec portrait de Jean Panzani dans les années 1940

 

Le pastier peut s’appuyer, dans son développement entrepreneurial, sur un atout de taille : son nom. Panzani évoque l’Italie et, dans l’imaginaire collectif, une production de pâtes authentiques et de qualité. Le jeune homme est d’ailleurs né à Florence, en 1911. Son prénom est alors Giovanni Ubaldo. Dans les années 20, Giovanni Panzani va émigrer avec ses parents en France où il sera naturalisé. Expert-comptable de formation, il sera mobilisé avant de rejoindre les Deux-Sèvres et de commencer sa fabrication de pâtes.

 

Avant les pâtes Panzani : la fabrication de paquets de cellophane et boîtes de sauces tomate

Très vite, face au succès, Jean Panzani décide de transférer la fabrique artisanale de pâtes du grenier vers une première usine, à Niort. Les premiers process industriels se mettent en place. Mais la croissance de l’activité exige rapidement de passer à une nouvelle échelle. « Une usine de chaussures avait été bombardée à Parthenay, j’ai pu l’acheter, expliquait-il sur Gâtine FM. Elle a été remise sur pied et l’odyssée a commencé ». Nous sommes en 1946 et les années d’après-guerre qui s’ouvrent vont permettre à l’entrepreneur d’innover et de développer plus encore son activité.

Progressivement, « les premiers approvisionnements de semoule noble » vont parvenir à l’entreprise, indique-t-il. La production gagne en qualité. Dans le même temps, Jean Panzani démontre un sens aigu du packaging en lançant en 1950 le paquet en cellophane. C’est une petite révolution, alors que le carton domine : les consommateurs peuvent désormais voir les pâtes qu’ils vont acheter. La même année, il lance la marque Pasta Panzani. Le logo qu’il choisit est vert, blanc, rouge, aux couleurs de l’Italie. En 1952, nouvelle innovation : Jean Panzani propose un accompagnement aux pâtes : des sauces tomate en boîte en fer.

 

« Les pâtes, ce sont des grains de blé »

Dans les années 60, l’entreprise devient un poids lourd national de la production de pâtes et s’impose dans les rayons des hypermarchés naissants. C’est aussi à cette époque que commence un vaste mouvement de restructuration de la filière, que Jean Panzani contribue à impulser. Plusieurs fusions ont lieu. Celles avec la société La Lune puis avec Régia Scaramelli permettent à l’entreprise de devenir le numéro français des pâtes. Dans le même temps, Panzani intègre la semoulerie de Saint-Just pour s’assurer d’une qualité de semoule constante. L’entrepreneur ne manqua d’ailleurs de rappeler tout au long de sa carrière l’importance des matières utilisées pour garantir le succès de ces productions : « Les pâtes, ce sont des grains de blé, résumait-il au micro de Gâtine FM. Leur qualité dépend donc avant tout de celle de la matière première ».

L’entreprise est vendue en 1973 à Gervais Danone. Jean Panzani prend pour sa part sa retraite en 1978, mais poursuivra des activités à la tête de différentes sociétés. Il meurt en 2003. Il repose aujourd’hui à Parthenay, dans la ville où il bâtit au milieu du XXe siècle l’une des grandes réussites industrielles du secteur pastier français.

 

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