C’est une source d’inspiration pour nombre d’artistes. Céréales et produits céréaliers s’invitent dans les refrains de nos chansons. Du blé en herbe de Michel Delpech au petit pain au chocolat de Joe Dassin, retour sur quelques-uns de ces succès populaires.

 

Les doux plaisirs provoqués par la baguette toute chaude… C’est peut-être Anne Sylvestre qui en parlait le mieux. Dans l’une de ses chansons pour enfants parue en 2000 (« La baguette »), l’auteure décrivait avec malice la gourmandise qui nous envahit lorsque nous venons de faire nos achats à la boulangerie. L’éveil des sens provoqué par la mie, la croûte, se devine au fil du texte. Et le rythme enlevé de la chanson nous rappelle que lorsqu’on croque dans une baguette, sa longueur peut diminuer à vive allure !

On achète la baguette / On aime croquer le quignon / On mordille, ça croustille / Et ça griffe le menton / On recroque, on suffoque / Le morceau est un peu gros / On avale, on se régale / On prend un autre morceau

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Céréales en chanson Anne Sylvestre

 

 

En poussant la porte d’une boulangerie…

 

Comme Anne Sylvestre, nombre d’auteurs ont trouvé dans le champ céréalier une source d’inspiration pour écrire leurs chansons. Beaucoup d’entre eux ont, pour ce faire, poussé les portes d’une boulangerie pour en conter les douceurs.

C’est le cas de Pierre Delanoë qui a adapté une chanson italienne pour Joe Dassin à la fin des années 60. Avec « Le petit pain au chocolat », nous sommes plongés « dans l’odeur chaude des galettes, des baguettes et des babas ». Les petits plaisirs du quotidien sont là, avec l’achat du petit pain au chocolat par « ce jeune homme distant ». La boulangerie apparaît comme un lieu propice aux bonheurs, aux joies du palais comme de la vie : l’acheteur de viennoiserie y trouvera l’amour, épousant la boulangère. Quelques années plus tard, cette même boulangerie deviendra le terrain de jeu de leurs enfants « gambadant parmi les brioches, se remplissant les poches de petits pains au chocolat ».

Tous les matins il achetait / Son p'tit pain au chocolat / La boulangère lui souriait / Il ne la regardait pas / Et pourtant elle était belle / Les clients ne voyaient qu'elle / Il faut dire qu'elle était / Vraiment très croustillante / Autant que ses croissants / Et elle rêvait mélancolique / Le soir dans sa boutique / A ce jeune homme distant

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Céréales en chanson Joe Dassin

 

 

Barbara nous propose quant à elle un détour par une pâtisserie. En 1968, elle reprend un succès de Félix Mayol : « Elle vendait des petits gâteaux », où elle nous évoque l’histoire d’une pâtissière de la rue du croissant.

Elle était pâtissière / Dans la rue du croissant / Ses gentilles petites manières / Attiraient les clients / On aimait à l'extrême / Ses yeux de puits d'amour / Sa peau douce comme la crème / Et sa bouche, un petit four / Et du soir au matin / Dans son petit magasin / Elle vendait des petits gâteaux / Qu'elle pliait bien comme il faut / Dans un joli papier blanc / Entouré d'un petit ruban

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Céréales en chanson Barbara

 

 

L’amour au cœur des champs de céréales

 

Les champs de céréales constituent un autre terrain d’exploration pour les auteurs de chansons. Ils sont notamment parcourus par Enrico Macias, en 1966, avec « Le grain de blé ». L’occasion, pour l’artiste d’établir un parallèle entre le grain de blé et l’amour. Comme les plantes, les sentiments ont vocation à grandir avec le temps, explique l’artiste, qui chante : « On est sûr de récolter beaucoup plus que nous avons semé ».

Dans la terre, quand tombe un grain de blé  / C'est l'espoir qui va bientôt germer  / Au sillon, il vient s'abriter  / Il attend les beaux jours de l'été  / Il grandit, frissonnant sous le ciel  / Et bientôt, mûrit sous le soleil  / Et quand vient le temps de la moisson  / On entend partout cette chanson  / Que l'écho se plaît à répéter  / Quand on sème un grain de blé  / Ça suffit pour que tout soit changé  / Dans la terre, un grain de blé  / C'est du pain qu'on a mis de côté

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Céréales en chanson Enrico Macias

 

 

L’amour est également au cœur de « La chanson des blés d’or », dont le texte a été écrit au XIXe siècle par Camille Soubise. Elle sera reprise tout au long du XXe siècle, notamment par Fabienne Thibeault. Espace de liberté, les paysages céréaliers balayés par le vent apportent là un cadre bucolique propice à l’épanouissement des sentiments.

Mignonne, quand la lune éclaire / La plaine aux bruits mélodieux / Lorsque l'étoile du mystère / Revient sourire aux amoureux / As-tu parfois sur la colline / Parmi les souffles caressants / Entendu la chanson divine / Que chantent les blés frémissants ?

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Céréales en chanson Fabienne Thibeault

 

 

 Un souffle de liberté sur les blés

 

C’est également un vent de liberté qui souffle à travers les couplets du « Blé en herbe », de Michel Delpech. Publié en 1970, le titre fait écho au roman éponyme de Colette paru en 1923 et au film de Claude Autant-Lara (1954). Les blés en herbe, ce sont ces adolescents qui ont l’avenir devant eux, « tête folle et cœur impatient ». « Tout le soleil est pour eux, vaillants comme un feu de joie », chante l’artiste, qui lie jeunes blés et futurs adultes.

Ce sont les enfants du printemps / Le blé en herbe, le blé en herbe / Ce sont les enfants du printemps / Le blé en herbe, le blé en herbe / Ils sont comme tous les enfants / Du bout du monde, au bout du monde / Tête folle et cœur impatient / Chaque seconde, chaque seconde / Tout le soleil est pour eux / Vaillants comme un feu de joie / Tous les cadeaux du bon Dieu / Se trouvent dans leurs bras, ah ah / Doux comme une caresse, une caresse / Tendres comme un espoir, un espoir / Beaux comme une promesse, une promesse / Riches comme le pouvoir, le pouvoir

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Céréales en chanson Michel Delpeche

 

 

Les étendues céréalières peuvent même inspirer des paraboles à certains auteurs. On en retrouve une, par exemple, parmi les chansons de Philippe Katerine : « Le champ de blé » (2010). Dans le style décalé qui lui est cher, l’artiste évoque les brins de blé s’agitant sous l’effet de vents violents. La tempête est, pour eux, l’occasion d’entrer en contact. Une manière de nous rappeler que, si nous sommes isolés les uns des autres, la solidarité peut s’exprimer dans l’épreuve et nous rassembler.

Dans la vie, on est accroché à notre brin de blé / Au milieu d'un très grand champ de blé / Et c'est quand il y a du vent, ou une bourrasque, ou un orage / Qu'on touche les autres brins de blé autour

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Céréales en chanson Philippe Katerine

 

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