Évoquez avec le champion de natation Jérémy Stravius les céréales, il vous parlera d'abord « boulot ».

Les pâtes s'invitent à sa table tous les jours, elles constituent cette énergie quotidienne indispensable pour mener à bien sa carrière de sportif. Mais ce n'est pas tout. Hors des bassins, il lui arrive également de goûter aux céréales, pour le plaisir cette fois-ci. « Elles sont avant tout, pour moi, un vrai régal, une source de convivialité, explique-t-il. Un plat de pâtes, voilà bien un aliment autour duquel il est possible de partager beaucoup de choses, et de passer une bonne soirée entre amis. »

Animatrice à France Bleu Picardie, Annick Bonhomme partage son avis en tous points. Comme Jérémy Stravius, mais également comme l'ensemble des intervenants du Voyage dans l'imaginaire organisé le 10 décembre, à Amiens, par Passion Céréales, elle voit dans les céréales un allié de taille pour créer du lien entre amis, en famille, ou même entre habitants d'un même territoire. Le plus court chemin vers la convivialité en somme. « J'étais un jour comme une âme en peine, à l'heure du déjeuner, se souvient-elle. Et j'ai eu un déclic : aller dans le restaurant tenu par une amie. J'y ai dégusté un plat de raviolis à la truffe blanche d'Alba. J'en suis sortie heureuse, réconciliée avec la vie. »

« Quand les choses ne vont pas bien, les mets céréaliers peuvent devenir de véritables réconforts… ils permettent de dire aux gens qu'on les aime ! », confirme Marie-Hélène Mahé. Pour la finaliste de la saison 4 de l'émission MasterChef, ils constituent également autant de moments de partage. « C'est le cas lorsqu'on les déguste mais également durant leur préparation, note-t-elle. J'ai des souvenirs de grande complicité avec mon frère en cuisine. »

Sébastien Porquet, chef cuisinier à la Table des Corderies, en baie de Somme, retrouve également le chemin du partage dans l'univers céréalier. « Mon métier me donne la possibilité d'aller à la rencontre des producteurs, et notamment ceux du Moulins Riquier de Cahon, où est confectionnée la farine qui servira à la réalisation de plats, indique-t-il. Ils me transmettent une part de cette cuisine que je vais réaliser ensuite. »

Le lien offert par les céréales est de ceux qui rapprochent les hommes. Ce faisant, il les encre dans dans le territoire commun qu'ils ont en partage. Rattacher les consommateurs à un espace naturel par l’entreprise d'une production locale : telle est d'ailleurs la démarche initiée par François Marié et son épouse. En lançant une micro-brasserie, ils ont décidé de créer des bières provenant uniquement de leur terroir picard. « Nous voulons que notre bière ressemble à notre région, que toutes les matières nécessaires à sa production en soient issues, explique-t-il. Et ça m'émeut aujourd'hui de me dire que la bière que je bois est issue de ce sol que je foule ! »

Production favorisant le lien avec un terroir, les céréales ont même pu être, plus largement, l'un des creusets de l'identité régionale. Une identité culinaire, en premier lieu. Elles sont là bien présentes, par l'entremise d'une pâtisserie aux bords cannelés, très souple et aérée : le gâteau battu. « Un gâteau d'échange, de plaisir, associé ici tant aux fêtes des villages qu'aux événements : baptêmes, communion, mariage », résume Bernard Martel, Grand maître de Confrérie du gâteau battu.

Les céréales constituent ainsi un élément clé du patrimoine commun. Il n'est qu'à écouter le député de la Somme Alain Gest pour s'en persuader. Evoquant le son et lumière d'Ailly-sur-Noye, « histoire de la Picardie à travers la meunerie », il souligne « combien les céréales et notamment le blé ont joué un rôle fondamental dans cette même histoire. »

Un rôle encore d'actualité aujourd'hui. Fins observateurs de l'économie de leur territoire, David Guévart, rédacteur en chef du Courrier Picard et Jean-Marc Chevauché, adjoint au rédacteur en chef, rappellent combien la production céréalière est présente dans le quotidien des habitants de la Picardie -n'est-elle pas la deuxième région céréalière française ?

Ce sont donc des céréales porteuses de valeurs qui ont été présentées à Amiens. Source de convivialité, mais également de cohésion au sein d'un groupe. Des valeurs qui sont d'ailleurs portées par les premiers des acteurs de la filière céréalière : les producteurs. A les écouter, c'est une solidarité des plus fortes qui les lie. « Nous jouons collectif», résume Jacques de Villeneuve, agriculteur près de Montdidier, dans la Somme. Les exploitants peuvent véritablement « soulever des montagnes ». « En agissant ensemble. Cela peut nous permettre de défendre nos intérêts, d'investir collectivement, mais aussi de coller aux attentes du consommateur final. Nous réalisons une production de masse de façon atomisée, il est donc vital pour nous de ''faire ensemble'' ! »