Catherine Fabre garde de son ancien métier l’art de mettre le quotidien en perspective. A peine commence-t-elle son récit que les montagnes qui dominent sa vallée prennent du relief. Catherine est une ancienne journaliste, aujourd’hui agricultrice entre Grenoble et Chambéry, dans la vallée du Grésivaudan.

 

Elle décrit les paysages comme elle écrirait un article : « Cette ancienne vallée glaciaire est un couloir fréquenté par les humains depuis des millénaires. Elle a vu passer les chasseurs du néolithique, les troupes romaines, sans doute les éléphants d’Hannibal et le chevalier Bayard ».

Il y a 40 ans, cette ancienne Parisienne a grossi les rangs de ces passants de l’histoire, en plaquant sa vie de citadine et son métier de journaliste par amour pour Jean, un agriculteur. En l’épousant, elle a épousé aussi les paysages de la vallée de l’Isère. C’est dans cette plaine encadrée par les massifs de la Chartreuse et de Belledonne que les alignements des céréales ont succédé à ceux des immeubles de la capitale. Et que le rythme imposé par la presse hebdomadaire a été remplacé par celui des plantations annuelles de maïs, de blé, d’orge et de soja.

A Lumbin, Catherine a appris à conduire un tracteur, à cultiver la terre humide de recevoir tant d’eau des montagnes et à conduire un élevage de chevaux. Elle a aussi forgé sa conviction qu’elle n’est qu’une passante de plus dans l’« Y » que forment les vallées du Grenoblois.

Une ferme imaginée pour durer

Loin d’en concevoir de l’amertume, Catherine a transformé la conscience qu’elle n’est pas éternelle en énergie positive : « J’ai depuis très longtemps le sentiment que je ne suis que le maillon d’une chaîne. Cela me pose la question de la transmission de mon expérience d’agricultrice et de mon outil de travail. Mon patrimoine ne m’appartient pas tout à fait. On me l’a juste confié », sourit-elle.

« Ferme buissonnière », la Magnanerie a accueilli pendant des années des élèves de la maternelle à Sciences-Po pour partager avec eux certains secrets de la terre. Aujourd’hui membre du réseau Passion Céréales, Catherine ne manque pas une occasion de parler de son métier et de sa ferme.

Transmettre, c’est transmettre des connaissances mais aussi une exploitation faite pour durer. Catherine a donc tout mis en œuvre pour respecter au maximum les sols et les eaux dont elle est la gardienne. De la pratique d’une agriculture raisonnée à la rotation des cultures, en passant par la réduction des intrants, la mise en place de bandes enherbées le long des cours d’eau, l’entretien bénévole des abords du marais de Crolles et la plantation de haies, l’ancienne journaliste fait tout pour que l’environnement se souvienne longtemps encore des bons soins de « la passante de Lumbin ».

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