La gaufre est de retour ! Vivent les kermesses, la fin d’année scolaire, les vacances et les cafés du bord de mer qui proposent une croustillante, chaude et légère gaufre. Mais on peut aussi la faire chez soi : il suffit d’avoir un moule composé de deux plaques chauffantes quadrillées. Le principe est simple : on coule la pâte à gaufres entre les deux plaques et on met l'ensemble sur le feu.

 

Les pâtissiers se sont pleinement approprié cet ustensile venu d'Europe du Nord au XIIe siècle. Le gaufrier aurait été importé en France par les Vikings, c’est en tout cas dans leurs tombes qu’on retrouve les plus vieux exemplaires. Les plus rudimentaires aussi, car le moule à gaufres a beaucoup évolué depuis. Au début, les cuisiniers ont dû se bruler les doigts de nombreuses fois en sortant les plaques métalliques du feu. Les forgerons sont donc venus à leur secours en inventant le moule à manches, à la manière de ciseaux.

Au XIXe siècle, l’inventeur américain Cornelius Swarthout fait breveter un moule à gaufre que l’on peut poser sur un poêle. Puis, en 1911, General Electric propose le premier modèle de gaufrier électrique. Mais aujourd'hui, c’est toujours le bon vieux moule des Vikings qu'on utilise lors des kermesses et autres jours heureux des vacances.

 

 

La liégeoise, la bruxelloise ou … la lyonnaise ?

Plus que le moule, ce sont les recettes de gaufres qui ont davantage évolué au fil des siècles. Au XIVe siècle, le Menagier de Paris en propose quatre. Le capitaine Haddock, fidèle compagnon de Tintin dans l'œuvre d'Hergé, aurait certainement qualifié l’auteur (dont on ne connait pas le nom) de «Moule à gaufres» en voyant la pauvreté de son offre. Car, ne serait-ce que dans sa Belgique natale, on compte aujourd'hui bien plus de variétés.

Parmi la multitude de recettes belges, deux se distinguent et se disputent le titre de gaufre préférée du pays. D'une part la liégeoise, qui possède 24 trous, est dense et souvent plus fantaisiste dans sa forme. D'autre part la bruxelloise, à 20 trous, est plus légère et plus craquante.

 

 

Mais ne rentrons pas dans cette guerre de clochers. Les gaufres sont faites, mangées et aimées un peu partout dans le monde, et ne serait-ce qu'en France, personne n'oserait dire « non » à une gaufre lyonnaise ou lorraine. Quant aux Américains, qui aiment les gaufres autant que nous, si ce n’est plus, ils vont jusqu'à célébrer le jour où Cornelius Swarthout a déposé son brevet, faisant du 24 août le National Waffle Day : le jour des gaufres. Norvégiens et Suédois font pareil, seule la date change, puisque les descendants des vikings célèbrent la gaufre le 25 mars.

Et si les recettes changent selon les époques et les pays, la variété et la richesse des motifs qui ornent les gaufres n'ont cessé de grandir. Elles viennent de l’imagination des artisans qui produisaient les moules en multipliant les motifs.  Au Moyen-Age, c’étaient les « oubliyeurs » qui commandaient les moules, pas seulement pour les gaufres, mais aussi pour les oublies et autres hosties. Les motifs étaient liés aux fêtes religieuses, même si petit à petit sont apparus des scènes de vie quotidienne, des fleurs ou des animaux. La raison étant moins artistique que commerciale : une fois la fête religieuse passée, il fallait ranger le moule jusqu’à l’année prochaine, tandis qu’une gaufre à motif fleuri se vendait facilement toute l’année.

 

Le rayon de miel

Il parait que le dessin tel que nous le connaissons aujourd’hui, un simple quadrillé, est apparu au XIIIe siècle. Représentant les alvéoles des abeilles, il ne devait au départ n'être qu’un motif parmi tant d’autres. Mais sa simplicité de fabrication, aussi bien du moule que de la gaufre en elle-même, lui a permis de s'imposer. Et finalement, la gaufre quadrillée s'est substituée à toutes les autres, donnant son nom, « walfre », qui signifie « le rayon de miel », à la pâtisserie. Effectivement, « gaufre » en français ou « waffle » en anglais, les deux proviennent de « walfre »  ou de « wafla » du vieux-francique.

La gaufre, née comme un produit vendu à la criée dans les rues et sur les parvis des cathédrales, n’a jamais disparue de fêtes populaires, mais aujourd’hui, la pâtisserie prend du galon. On la retrouve dans les restaurants, les concours de cuisine, et même dans les magazines, qui proposent des classements de la meilleurs gaufre de France ou de Paris. Les gaufres salées ont fait leur apparition au coté de celles saupoudrées de sucre glace, avec de la crème battue et quelques fruits rouges. Quelle que soit la version que vous choisirez, la gaufre toute chaude vous attend cet été dès le petit-déjeuner.