Retour sur la place du pain dans les différentes religions.

La pain au cœur du schisme d’Orient…
En 1054, c'est un véritable séisme qui secoue le christianisme. Un choc qui va redéfinir l'organisation religieuse du monde médiéval et imposer durablement sa marque, jusqu'à nos jours. Cet événement, c'est le schisme d'Orient, rupture irréversible dans l'unité de la communauté chrétienne, entre les Églises romanes (catholiques) et byzantines (orthodoxes). Et, parmi les éléments permettant d'expliquer cette fracture, figure notamment... Le pain. Des désaccords profonds existent en effet entre Byzantins et Latins. Les premiers estiment que, lors de l'eucharistie, c'est un pain levé qui doit être présenté, les seconds privilégient un pain azyme, sans levain.

… et composante majeure du christianisme.
Cette divergence n'est qu'une illustration parmi bien d'autres de l'importance du pain dans la religion chrétienne. Une importance et, plus encore, une omniprésence. A tel point que cet aliment de base va se trouver durablement « connoté », religieusement parlant, jusqu'à devenir, dans la culture et les consciences collectives, une composante majeure du christianisme, de ses rituels, de ses symboles.

Il n'est qu'à voir la fréquence des références au pain dans la Bible pour s'en convaincre -au même titre, d'ailleurs, que les évocations des céréales. On le sait, selon la tradition, Jésus le rompit, en assura la multiplication et en « fit son corps ».
Présent dans l'Ancien Testament, notamment dans la Genèse où il symbolise la chute de l'Homme qui a commis le pêché originel (Dieu dit a Adam, qui avait croqué le fruit défendu : « C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain »), on le retrouve plus encore dans les quatre Évangiles.
La vie de Jésus, et notamment les miracles qu'il accomplit, lui accorde une place de premier choix. Pourquoi ? Principalement parce que sa présence est avant tout symbolique. Le pain, c'est bien sûr Jésus, qui entre en chacun des croyants qui communient. Mais c'est aussi et surtout la parole divine dont le peuple peut se nourrir.
Les miracles de la multiplication des pains sont ainsi, pour Jésus, l'occasion de montrer à ses disciples que le message de Dieu doit se répandre. Lesdits miracles deviennent ainsi des allégories de la prédication.

Dans la religion juive
Mais la place centrale du pain ne se limite pas à la religion chrétienne. Les juifs lui accordent également un rôle majeur, là aussi, symbolique. Dans l'Ancien Testament, l'exode des Hébreux hors d’Égypte se fait dans la précipitation. Un exode associé au pain sans levain, fait avec hâte -le pain azyme est d'ailleurs toujours utilisé aujourd'hui pour commémorer cette fuite et célébrer la Pâque juive. Et Moïse, pour convaincre son peuple de rejoindre la Terre promise ne manque pas d'évoquer un « pays où tu mangeras du pain avec abondance, où tu ne manqueras de rien ».

Rien de plus logique, finalement, à placer le pain au centre de l'imagier religieux et à lui donner une force symbolique de premier ordre. Les religions s'implantent dans des sociétés où il est un élément central de l'alimentation. Pour que le peuple « adhère » au message porté, il est donc essentiel de l'intégrer aux récits.

Les Egyptiens l’emportaient dans l’au-delà
Une stratégie qui s'applique bien au-delà du monde judéo-chrétien. Prenons par exemple le cas de la civilisation égyptienne. C'est en son sein que serait né le pain au levain voici quelques millénaires. Un pain qui va prendre une importance considérable dans la société autant que dans la religion polythéiste des Égyptiens. Les fouilles archéologiques contemporaines en témoignent : elles ont permis de retrouver dans les tombes des pharaons des pains qu'ils emportaient avec eux dans l'au-delà.