Le saviez-vous : les historiens ont parfois recours à la palynologie pour faire avancer leurs recherches. La palynologie ? Du grec palunein qui signifie « répandre la farine ».

Derrière ce mot mystérieux se cache une discipline qui consiste à étudier les pollens, actuels et fossiles. Une discipline qui a été des plus utiles pour confirmer la présence des Vikings dans le nord de la Bretagne au Xe siècle. C'est grâce à des échantillons d'avoine retrouvés sur des sites d'Ille-et-Vilaine que de telles analyses ont pu être réalisées. La présence d'avoine apparaissant, de fait, comme un indice déterminant du passage de l'envahisseur : dans certains espaces européens, la détection de cette céréale par la carpologie (une autre discipline, dédiée, elle, à l'étude des restes de graines et fruits conservés dans les sédiments archéologiques) correspond justement aux périodes de présence des Vikings, en Allemagne par exemple.

Ainsi, sur certaines terres qu'ils avaient décidé de coloniser au cœur du Moyen-âge, c'est aujourd'hui grâce à l'avoine que l'on peut suivre à la trace les conquérants Vikings. Et pour cause : la céréale avait une place centrale dans leur alimentation. Elle était en effet cultivée en territoire scandinave, où elle était consommée sous la forme d'une bouillie, le porridge d'avoine (tout comme chez d'autres peuples du Nord tels les Écossais).

Un « sac à avoine » dans le dos
Spécificité de ce mets : il était particulièrement riche en énergie. La valeur nutritionnelle de l'avoine est en effet des plus importantes. Ses grains contiennent, de nos jours, environ 15 % de protéines et 8 % d'huile. Les caractéristiques des variétés d'avoine ont, certes, pu varier au fil des siècles. Il n'en demeure pas moins que ces vigoureux guerriers connus pour leur bravoure au combat ont dû y puiser une part de leur force légendaire. Une force, une violence même, qui résonnent aujourd'hui encore dans nos imaginaires lorsque sont évoqués les Vikings.

Avec la christianisation de la Scandinavie s'achève, au XIe siècle, l'ère des Vikings. Celle de l'avoine, en revanche, demeure. L'Histoire est parsemée d'indices le rappelant. Le mot « havresac », par exemple, qui désigne un sac à dos, que portaient notamment les militaires jusqu'en 1940.  Il signifie littéralement « sac à avoine » dans les terres scandinaves. Et il fait son entrée en France après la guerre de Trente ans (1618-1648) durant laquelle les soldats du royaume ont eu l'occasion de combattre contre l'Allemagne... avec les Suédois pour alliés.

Sang de Vikings et régime nordique
Même disparus, les Vikings sont eux-mêmes toujours associés à l'avoine. Et ce jusqu'à nos jours. La recette d'une boisson énergétique au nom évocateur - « Sang de Vikings »- est ainsi largement partagée dans le milieu des sportifs effectuant des courses d'endurance. Elle est constituée d'un mélange de lait d'avoine et de fruits rouges.

Mieux : les habitudes alimentaires des pays scandinaves seraient en passe de devenir la dernière mode en terme de régime. Fruits et baies de saison, racines de légumes, choux, poissons et bien sûr flocons d'avoine figurent au menu du New Nordic Diet (régime nordique ou régime viking) qui appelle à suivre l'exemple de populations comme les Danois pour augmenter son espérance de vie. Plus d'un millénaire après leurs invasions, c'est donc dans les assiettes que les Vikings sont en passe d'effectuer leur grand retour -pacifique cette fois-ci- en Occident.

 

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