Parmi les plus vieilles religions du monde, l'hindouisme est aussi l'une des plus pratiquées, avec près d'un milliard de fidèles[1]. L'Inde, cœur de ladite religion, est aussi un géant agricole, très imprégné depuis de nombreux siècles par le travail de la terre et la culture rurale qui l'accompagne. Et c'est donc fort logiquement que l'hindouisme, sans Eglise ni prophètes, mais très généreux en rituels, a intégré au fil de son histoire des évocations répétées au fait agricole.

Certaines d'entre elles sont d'ordre « domestique ». C'est donc dans l'intimité du foyer qu'elles ont lieu. Parmi les rituels quotidiens se trouvent notamment de brèves offrandes de céréales (riz, blé, orge) faites par le feu. D'autres rites sont également pratiqués pour des événements particuliers, en lien avec les saisons, mais également avec les récoltes elles-mêmes.

Pour observer l'une d'elles, il faut prendre la direction du nord de l'Inde. On pratique dans plusieurs États de la région la fête de Karva Chauth. Elle consiste en un jeûne des femmes mariées -voire des fiancées et parfois également des conjoints- sur une journée. Il doit assurer la sécurité des hommes à tout point de vue (santé, prospérité...). Mais pour comprendre son origine, il faut s'en référer à l’étymologie. « Chauth » signifie « quatre », en référence au moment de la fête, le quatrième jour après la pleine lune. Le mot « karva » fait quant à lui référence à un pot de terre qui permet traditionnellement le stockage du blé (la région en produit beaucoup). Et cette fête célébrée fin octobre – début novembre coïncide avec les semis de blé. Elle a donc été perçue comme, à l'origine, un jeûne destiné à assurer une bonne moisson et donc une excellente récolte pour le foyer.

Mais prenons à présent la route du Sud de l'Inde où, là aussi, les céréales sont présentes dans les fêtes religieuses. C'est principalement dans la partie méridionale du sous-continent qu'a lieu Makar Sankranti, également dénommée fête des moissons. Elle marque tous les 14 janvier le passage à la période « lumineuse » de l'année. Certains hindous vont alors se baigner à l'aube dans le Gange. De vieux vêtements vont être brûlés. Vaches et buffles seront également honorés : le bétail aurait en effet accepté d'accompagner l'homme dans les opérations de labour à la seule condition d'être fêté une fois l'an. Le Pongal -autre nom de la fête en tamoul- désigne également un plat qui est servi à l'occasion de ce temps de célébrations. C'est le riz qui va ici occuper une place centrale. Il va être bouilli avec du lait et du sucre brun, jusqu'à ce qu'il déborde. Et c'est de là que vient le nom « Pongal », qui signifie littéralement : « bouilli par dessus ».

Le riz est également présent dans la préparation du « kichuri », qui joue un rôle des plus symboliques dans cette fête. Il est mélangé avec des lentilles, et prend une couleur jaune grâce aux épices. Le plat témoigne de l'harmonie et du partage social en cet instant -un plat qui est également servi lorsque la femme entre pour la première fois dans la maison de sa belle-famille, le mélange entre riz et lentilles symbolisant cette nouvelle union. Pour Makar Sankranti, ce plat qui peut être préparé dans de grandes marmites est un marqueur de fraternité et d'échange. Il est ainsi distribué à la famille, aux voisins, mais également à des étrangers, ainsi qu'aux plus nécessiteux.

 

 


[1] c'est la troisième communauté religieuse après les chrétiens et les musulmans