La Beauce, est-ce vraiment des champs immenses à perte de vue ? Aux Parisiens qui ont cette image de sa région, Hervé Pommereau explique… qu’il y a aussi des arbres. 

Comme des ilots de verdure au milieu des parcelles de blé, il y a beaucoup de bosquets. « Certains ont poussé sur des morceaux de terre incultivables : des trous d’obus ou d’anciennes carrières. Là, les agriculteurs ne pouvaient pas semer, alors ils ont laissé faire la nature ».

Mais s’il y a des arbres dans les champs de céréales, c’est aussi parce que des agriculteurs en replantent. « Sur ma commune de Boisville-la-Saint-Père, l’association Hommes et Territoires a planté plusieurs kilomètres de noisetiers, de rosiers, de sureaux et d’autres essences, toutes sauvages et originaires de la région Centre. On a commencé il y a cinq ans et c’est une vraie révolution », explique l’agriculteur.

Autrefois, la haie servait de clôture pour élever les bœufs et les chevaux. Quand le machinisme agricole s’est développé, les grandes cultures ont pris la place des élevages. Il a fallu remembrer et beaucoup de haies ont été coupées. « Si on les replante aujourd’hui, c’est pour une raison bien différente. Elles nous apportent la biodiversité. C’est encore expérimental pour nous, mais elles nous permettent d’explorer des chemins nouveaux vers la lutte intégrée et la réduction des intrants chimiques. »

Couloirs écologiques

En effet, les haies abritent des auxiliaires : des coccinelles qui vont manger les pucerons, des carabes qui s’attaquent aux limaces… Elles forment des couloirs écologiques où reviennent les oiseaux. Hervé aime ses haies au printemps quand il vient de pleuvoir. « Tout est bien vert. Il y a l’odeur de l’humus et le parfum des rosiers sauvages. » 

L’agriculteur a constaté l’intérêt de la lutte intégrée. «  Avec les jachères et le retour des haies, la biodiversité est beaucoup plus riche et notre travail a changé : ça doit faire au moins dix ans que je n’ai pas traité contre les pucerons ! Les coccinelles s’en chargent. »

Quand il regarde ses haies où se cachent aussi des faisans, Hervé ressent de la fierté. « C’est une solution moderne et qui est contagieuse ! Quand ils ont vu ce que nous faisions, d’autres agriculteurs d’Eure-et-Loir ont planté à leur tour ». Ces haies façonnent le paysage et abritent la vie, une faune qui se plait bien au contact des céréales.

 

Crédit photo : ARVALIS-Institut du végétal / N. Cornec