Cet article est le dernier épisode sur les 4 issus d'un parcours de visite au Musée du quai Branly - Jacques Chirac. Il permet, par le prisme de quatre grands thèmes, d'explorer les significations symboliques associées à la production céréalière dans les arts des Amériques, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie.

Pour ce dernier épisode de notre visite du Musée du Quai Branly - Jacques Chirac, nous allons découvrir une céréale qui ne pousse pas en France : la larme de Job.

En Océanie, l’alimentation est basée sur l’agriculture des tubercules (ignames, tarot, patates douces). Les céréales ne sont pas consommées de manière alimentaire mais servent à soigner et à orner les objets les plus sacrés.

La larme de Job (Coix lacryma jobi) aussi appelée « l’herbe à chapelets », est une espèce de la famille des poacées (graminées) des lieux humides originaire d'Asie du Sud-Est. Ses graines sont utilisées de façon thérapeutique pour leurs propriétés diurétiques et analgésiques, toniques et anti cholestérol. Elles soignent en particulier les intoxications alimentaires, les troubles urinaires et les maux de dents.

Ces graines sont aussi utilisées à des fins ornementales pour leurs qualités esthétiques. Très fréquentes en Océanie, on les retrouve sur des objets de très grand prestige comme les crânes d’ancêtres et les ornements de poitrine de chasseurs de têtes chez les Asmats de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui pratiquaient le culte des ancêtres.

Les crânes des ancêtres dont on souhaitait conserver le souvenir et la protection, ou les crânes d’ennemis dont on voulait s’approprier la puissance, érigés au rang de trophée, étaient exhumés plusieurs années après le décès et ornés entre autres de graines de larme de Job.

Crâne d'ancêtre - Papouasie-Nouvelle-Guinée, culture Asmat, ossement, graines de croix lacrima jobi, graines d'érythrine, fibres végétales, plumes, cire, milieu du XXè siècle (Inv. 71.1966.60.2)
© musée du quai Branly - Jacques Chirac, distr. RMN-Grand Palais / Patrick Gries

Ornement de poitrine - Papouasie-Nouvelle-Guinée, culture Asmat, bambou, roseau, graines de croix lacrima jobi, plumes, fibres végétales, milieu du XXè siècle (Inv. 71.1967.21.2)
© musée du quai Branly - Jacques Chirac

 

Ils devenaient ainsi des reliques conservées et exposées dans les maisons des hommes. L’ornementation était réalisée par un expert rituel, médiateur entre le monde des défunts et le monde des vivants.

Les Asmats pouvaient porter le crâne d’un ancêtre particulier autour du cou lors de raids guerriers, puisant dans la présence du disparu, proche ou ennemi, le courage de se battre. Ils pouvaient aussi parfois servir d’appui-tête. Le vivant, pendant son sommeil, puisait ainsi la force de son ancêtre. Un jeune garçon recevait son nom d’adulte à l’issu d’un raid de chasse aux têtes en étant mis au contact des reliques.

On a donc ici un lien entre une fonction thérapeutique et une fonction ornementale, de protection et de prestige, mais aussi, comme en Afrique, l'idée d'initiation sociale des plus jeunes.

 

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