Pour ce quatrième épisode de notre promenade céréalière au musée d'Orsay, nous passons à la 3e dimension avec les objets d'arts inspirés par les céréales.

La sculpture et la réalisation d’objets d’art, en raison du traitement de la troisième dimension, sont des disciplines pour lesquelles la réflexion sur la matière est primordiale. Les formes multiples des graines et des plants au cours de leur croissance sont propres à susciter, en particulier dans le domaine des arts décoratifs et des objets d’art, de nouvelles formes d’expression artistique. Le Buste de jeune femme au chapeau orné d’épis de blé, par Albert-Ernest Carrier-Belleuse ne porte en lui que le seul message décoratif. Le sculpteur, qui appréciait beaucoup l’art du XVIIIe siècle, ne manquait pas de s’en inspirer, tout en réinjectant dans ses œuvres, et notamment dans ses nombreux bustes en terre cuite, la frivolité de la bonne société de son temps.

 

 

 

 

L’éventail Epis d’orge, réalisé par Georges Bastard en 1911, s’inscrit dans une même finalité. Bastard, issu d’une famille de tabletiers et donc habitué à travailler des matières telles que l’ivoire et la nacre, conçoit un objet précieux qui n’est pas vraiment destiné à être utilisé mais plutôt à être exposé. Il retire de l’éventail toute matière textile, et la remplace par de la nacre et de la corne finement taillées. Ce magnifique objet, dont les reflets sur les matières évoquent le chatoiement si particulier de l’orge au soleil, beaucoup plus blanc que le blé, est acquis par l’État lors de sa présentation en 1912.

 

 

Le milieu brassicole est également concerné par ces évolutions. Dans l’Antiquité et au Moyen Âge, la bière est considérée comme une boisson plus saine (en raison du procédé de fermentation) que l’eau, souvent infectée. Appelée « pain liquide » dans la civilisation sumérienne dès le IVe millénaire avant notre ère, boisson divine en Egypte, elle est utilisée comme un médicament en Grèce ancienne. Détrônée par le vin dans l’Europe chrétienne pour les besoins de l’eucharistie, sa production se maintient toutefois, et certaines abbayes la produisent en grande quantité car elle est très appréciée par les populations et fournit donc des revenus importants. Les progrès scientifiques du XIXe siècle apportent une meilleure maîtrise des procédés de fermentation, et donnent l’occasion de réaliser des pièces d’orfèvrerie destinée à illustrer sa consommation. Ces objets précieux indiquent que la bière commence alors sa mutation, en devenant, pour certaines productions bien particulières, un breuvage recherché pour ses qualités gustatives. Le Service à bière des frères Fannière, orfèvres, (dont le musée d’Orsay possède également les esquisses préparatoires) porte en lui le contraste entre la préciosité de l’argent, la finesse du dessin et du travail de ciselure, et la rusticité du motif général représentant des tonnelets de bois, rappelant bien sûr les tonneaux de bière.

 

 

 

Cet article est un épisode issus d'un parcours de visite au Musée d'Orsay, qui comprend une sélection d'œuvres pour découvrir les dimensions symboliques, sociales et artistiques incarnées par les céréales et les produits céréaliers dans les tableaux et sculptures, dans les médailles, le mobilier et les objets décoratifs des artistes du XIXe siècle.

>> Retour au sommaire de la visite

Et découvrez les autres visites thématiques au musée du Quai Branly – Jacques Chirac et au musée du Louvre.