Poursuivons notre promenade au musée d'Orsay avec les impressionnistes...

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, le mouvement impressionniste est caractérisé par deux tendances complémentaires : d’un côté, les peintres de la vie parisienne s’attachent à représenter les scènes urbaines, les nouveaux lieux de plaisir, mais aussi les premiers problèmes suscités par les mutations sociales propres à l’âge industriel ; de l’autre, les peintres de plein-air continuent leur exploration des campagnes et des côtes françaises. Aussi, le motif des champs céréaliers constitue un thème de prédilection qui, par la diversité des couleurs, est l’occasion de travailler sur la lumière et les changements qu’elle occasionne au fil des saisons. Claude Monet, dont le tableau Impression, soleil levant (1872), est à l’origine du terme d’impressionnisme, est le premier tenant de ce courant nouveau.


Dans sa première série de vingt-cinq tableaux, intitulée Les Meules, et en particulier sur le tableau exposé au musée d’Orsay (Les Meules, fin de l’été), Monet nous montre comment la lumière varie sur les gerbes de blé montées en meules et recouvertes de chaume afin de les protéger. Ce champ proche de Giverny n’est pas une évocation de l’activité céréalière en tant que telle, qui n’intéresse pas spécifiquement le peintre. Cependant, la beauté de la couleur dorée du blé, transfigurée par la lumière tardo-estivale, fournit une représentation inédite des plants céréaliers fauchés.

 

 

 

Chez Berthe Morisot (Dans les blés), ou encore chez Camille Pissarro (La Moisson à Montfoucault - cf photo d'illustration de l'article), l’intention est la même, quoique le rendu soit très différent. L’œuvre de Morisot trahit l’influence des procédés et des conventions artistiques de l’estampe japonaise, redécouverte au XIXe siècle après l’ouverture du pays du soleil levant au reste du monde. Le champ de blé sert à délimiter les différents plans de la toile, son évocation se fait davantage par la couleur que par la touche. Le tableau de Pissarro reprend la force de la couleur blonde des épis qui sert, avec les jeux d’ombres, à contraster avec le vert du paysage sylvestre au loin, et avec les nuances bleutées du ciel nuageux.

 

 

 

 

L’inclassable Vincent Van Gogh propose quant à lui un hommage à Millet, qu’il appréciait particulièrement. Il reprend le titre et le sujet de l’un des tableaux de l’artiste, et le réinterprète avec sa touche personnelle si singulière. La Méridienne ou La Sieste montre des paysans au repos au cours d’une journée de moisson. « Traduire dans une autre langue, celle des couleurs, les impressions de clair-obscur en blanc et noir », c’est ainsi que Van Gogh justifiait auprès de son frère Théo, marchand d’art, ses travaux se référant à Millet. La construction chromatique, fondée sur le contraste des couleurs complémentaires bleu-violet et jaune-orange, aboutit à cette transcription apaisante et intense de Van Gogh. Le sujet céréalier est mis en valeur comme la traduction d’une nature riche offrant aux artistes des fruits aux couleurs vives et uniques.

 

Cet article est un épisode issus d'un parcours de visite au Musée d'Orsay, qui comprend une sélection d'œuvres pour découvrir les dimensions symboliques, sociales et artistiques incarnées par les céréales et les produits céréaliers dans les tableaux et sculptures, dans les médailles, le mobilier et les objets décoratifs des artistes du XIXe siècle.

>> Retour au sommaire de la visite

Et découvrez les autres visites thématiques au musée du Quai Branly – Jacques Chirac et au musée du Louvre.