"On me demande souvent pourquoi je suis venu vivre en France.  C’est pour être plus proche du bon pain",  raconte dans son blog mondialement connu le pâtisser et écrivain américain David Lebovitz.

Il donne le nom de son boulanger préféré mais précise ensuite: "Difficile de dire, quelle est la meilleure boulangerie ou pâtisserie. Ne serait-ce qu’à Paris, il y en a un millier, et il est impossible de réduire ce nombre à une sélection d’une poignée. Chacune possède sa propre personnalité et reflète son quartier."

 

  Ces amateurs étrangers des viennoiseries et des gâteaux  sont également des fins connaisseuses des grands noms de la pâtisserie française.

 

Pour des nombreux Américains, le pain, les viennoiseries et les gâteaux français sont autant les symboles de la France que ses grands monuments.  "Le croissant égale la France, comme le béret ou la Tour Eiffel", confie dans Eater une journaliste fraichement revenu de Paris.  Et il n’y a pas que les ressortissants des USA. La Japonaise Chichiro qui tient en français un blog homonyme consacré à Paris, aime raconter ses sorties gastronomiques. S’agit-il d’un grand restaurant comme Lucas Carton, elle n’oublie toujours pas de faire une mention spéciale pour le  pain signé Thierry Delabre. Et rajoute : "Quand il est bon, il n’y a rien de meilleur que le pain…"

Dans Ranker qui propose à ces lecteurs des évaluations faites par les foodies et les professionnels de l’alimentation, les "dix meilleurs inventions culinaires de France" incluent six produits classiques de la boulangerie: la baguette et le croissant, bien sûr, qui sortent souvent champions dans ce sorte de classement, mais également le pain au chocolat, le croque-monsieur, l’éclair et la crêpe. Et si on regarde la deuxième dizaine, on trouvera également les tourtes, la tarte tatin, le Paris-Brest et tant d’autres délices de régions françaises et de la capitale. Ces amateurs étrangers des viennoiseries et des gâteaux  sont également des fins connaisseuses des grands noms de la pâtisserie française. Les blogs anglophones, nippons ou encore ceux qui sont publiés en italien ou en coréens, guettent chaque nouvelle ouverture d’une boutique pour partager l’expérience de dégustation avec leurs compatriotes.

 

  Cette popularité est prouvée aussi par la demande croissante que suscite parmi les étrangers la formation au métier de boulanger.

 

Cette popularité est prouvée aussi par la demande croissante que suscite parmi les étrangers la formation au métier de boulanger. L’Ecole Cordon Bleu, qui a lancé en 2016, en plus de son diplôme Pâtisserie, un cursus de huit mois pour les futurs boulangers, compte parmi ses étudiants des représentants des pays de tous les continents, du Japon au Pérou en passant par la Russie. L’investissement fait par ces jeunes femmes et hommes est rentable car si un gâteau peut remplacer un autre dans le cœur des becs sucrés au quatre coins de la planète, la pâtisserie française reste toujours à la mode.

Beaucoup sont les écrivains et les journalistes étrangers qui sont tombés amoureux du pain et des gâteaux en France au point de leur consacrer des livres. Parmi eux, l’historien américain Steven Kaplan avec au moins dix livres sur le pain français et notamment La France et son pain : histoire d'une passion, Albin Michel, 2010. Ou encore Peter Mayle, le plus provençal des Britanniques, dont les multiples rencontres avec le propriétaire de "Chez Auzet" à Cavaillon a donné la Confession d’un boulanger. Sur ses traces, des milliers de personnes de toutes nationalités sont venues en Provence gouter les fougasses ou les pains aux abricots.

La parole de ces touristes, ni blogueurs spécialisés ni professionnels mais qui aiment tout simplement revenir en France, compte autant. "Quelless sont les choses sans lesquelles votre visite en France ne seraient pas réussie ?", avons-nous posé la question à des amoureux de l’Hexagone pour avoir des réponses presque unanimes. "Dès mon arrivée, je commence la journée par mon café avec un bon croissant frais" (variation – pain au chocolat, chausson aux pommes, bonne tartine), in ex aequo avec "Avant de partir, je passe à la boulangerie pour choisir un gâteau à prendre avec moi. Il y en a tellement en France !" Une remarque pas tellement différente de celle laissée au 16e siècle par Jérôme Lippomano, ambassadeur de Venise auprès de la cour de François Ier, dans la dépêche à forte consonance gastronomique qu’il a envoyé à son gouvernement : "Les pâtissiers s’y trouvent dans une telle quantité que c’est une vraie confusion, il n’est rue tant soit peu remarquable qui n’en ait sa part. Le pâtissier vous donne des tourtes, des pâtés, des desserts", précise-t-il, pour conclure : "Paris a une abondance de tout ce  qui peut être désiré !"