« Il y a des choses, dans l’agriculture, qui ne changeront jamais. Et d’autres qui évoluent au rythme de l’aérospatiale ». La phrase est de Jean-Baptiste Bouffard, agriculteur en Auvergne.

Dans la vie et dans la tête de ce céréalier de 29 ans, le contraste est aussi puissant. Il y a des choses qui ne changeront jamais, comme les mots de patois qui désignent certains outils. Et d’autres qui progressent chaque jour, comme le guidage par satellite et les biotechnologies.

A quelques kilomètres de Clermont-Ferrand, Jean-Baptiste continue donc à manipuler le « jazou » (outil à manche servant à décoller la terre des matériels de travail du sol) tout en suivant avec intérêt les travaux de Limagrain et Biogemma. Employé par le centre de recherches de Clermont-Ferrand, avant son installation sur la ferme familiale en 2011, le jeune agriculteur se passionne pour l’enrichissement  de la diversité génétique du blé et du maïs. Ce sont les plantes qu’il cultive sur les terres qui ceinturent sa ville natale : Lempdes.

Un pied dans le passé, l’autre dans le futur, Jean-Baptiste n’oublie pas qu’il est le maillon d’une chaîne d’agriculteurs qui fait vivre la ferme de la place du Taureau depuis plus de 150 ans. Mais, en homme de son temps, il rêve que les plantes issues de la sélection variétale répondent de mieux en mieux aux grands défis de l'agriculture : économie des ressources en eau, réduction des intrants, qualité et sécurité sanitaire des aliments…

Des « tavelles » aux « 3D’s »

Dans la bouche de ce diplômé d’une licence « industrie agroalimentaire », le mot « ancien » compte donc tout autant que le mot « nouveau ». C’est à ses aînés qu’il doit d’avoir compris qu’ « agriculteur, ce n’est pas seulement produire, c’est transmettre des valeurs et un attachement au territoire ». Et c’est la nouveauté (des techniques, des pratiques, des produits issus des céréales) qui nourrit sa passion pour son métier.

Sous le grand ciel d’Auvergne, des mots du monde agricole s’éteignent et sont remplacés par d’autres. Son horizon à lui, Jean-Baptiste le veut le plus scintillant possible. Il accroche les succès du groupe coopératif Limagrain (« pain Jacquet », « gâteaux Brossard »…) au revers de son récit, tout en continuant à faire briller les mots des anciens.

C’est ainsi que pour produire la matière première de biscuits apéro au nom futuriste (les « 3D’s »), un jeune homme de même pas trente ans continue à donner aux contours des champs le nom de « tavelles ». Un titre de film convient très bien à décrire la vie de Jean-Baptiste : Retour vers le futur !